10 novembre 2005

Croire en la vie

Ça y est,

Me revoilà sur mon île. La ville est le passage obligé pour arriver jusqu'ici. A chacun de mes voyages je reste deux ou trois jours en ville. Je fais le plein de vivres, bien sur il y a un petit "supermarché" sur l'île, mais pas tellement le choix dans les produits, alors je me charge pour quelques jours, au cas ou je n'aurai pas envie de bouger par la suite.
Je suis allé tôt ce matin à l'aéroport prendre mon avionnette, là une foule de choses me passaient par la tête, j'avais une soudaine envie d'écrire, j'ai essayé de mémoriser, mais les idées passent à toute allure et je n'ai pas retenu grand-chose.
Je réfléchissais sur les différentes personnalités des gens qui croisent notre vie. J'ai fait vaguement l'inventaire des plus proches, ou des plus présents dans ma vie, en regardant mentalement leur parcours de vie.
Il y a des gens qui ont une vie facile, c'est comme si tout leur était servi sur un plateau, ils font leur chemin sans rencontrer d'embûche. Je ne sais pas s'ils sont heureux, oui ils semblent l'être, mais au fond, apprécient ils vraiment ce qu'ils ont.
Je pense que pour valoriser ce que l'on a, il faut avoir eut une dose de souffrance, savoir ce qu'est la douleur émotionnelle pour profiter des moments heureux.
Puis il y a ceux qui ont souffert. Quelles que soit la cause de cette souffrance, la douleur les a "modelé" elle leur a apporté la maturité, la réflexion, la sagesse. Ce sont des personnes qui ont su faire face aux événements, des personnes qui ont su lutter. Elles ont su garder le sourire et leur cœur intact. Leur regard est chargé de d'expériences. En général elles savent où elles vont dans la vie, quels sont leurs buts, leurs priorités.
Il y a aussi les personnes qui n'ont pas pu ou pas su surmonter leurs problèmes. Leurs douleurs les ont modelé autrement. Au lieu de la sagesse elles ont laissé naître, les rancoeurs, l'amertume et l'aigreur. Souvent elles en veulent au monde entier. Se ferment au monde et pourtant critique l'indifférence des autres.
J'ai proche de moi ce genre de personnes, tant les sages comme les aigries. Ayant la chance d'avoir une "sorte" de don de communication, les gens s'ouvrent facilement à moi.
Je côtoie les défaitistes, les idéalistes, les optimistes, les pessimistes.
Ici je vis dans un pays pauvre, en grande partie pauvre. Il y a aussi la partie riche, très riche. Les gens que je fréquente sont de toutes classes sociales et de tous milieux. Bien souvent ce ne sont pas les plus riches ou les plus éduqués qui sont les meilleures compagnies.
Il y a autour de moi des gens très modestes, qui n'ont pas eu la chance d'aller à l'école, ils sont presque illettrés. Ces gens là je les admire, leur vie est difficile, ils gardent pourtant le sourire, comme si dès leur naissance ils avaient accepté les difficultés de la vie. Ils aiment faire la fête, ils travaillent en chantant. Non ils ne sont pas inconscient, insouciants, souvent même les discussions avec eux sont passionnantes, leur manière de voir la vie est enrichissante. Les valeurs essentielles pour eux sont la santé et l'éducation qu'ils peuvent donner à leurs enfants. Le reste, ils s'en accommodent, il font avec, et relativisent.
J'aime les écouter, les aider de mon mieux, et surtout ne pas leur faire sentir la différence de statut. Mon statut d'immigrée leur donne l'image de la femme cultivée et riche, bien que ce ne soit pas le cas. Cette image les tient souvent à distance au début, mais je les mets en confiance et alors les barrières tombent. Ils ont une certaine fierté de faire partie de mes connaissances.
Je suis heureuse de leur offrir ce que je peux, tant matériellement que mentalement.
Je n'ai pas la position de conquérante d'un pays. Ce pays je l'ai choisi, il m'a adopté comme je l'ai adopté, je m'y sens bien, chez moi. J'ai toujours en tête un dicton qu'un ami espagnol m'a dit un jour quand je lui demandais pourquoi il était venu travailler ici, il m'avait répondu : " il vaut mieux être la tête du rat que la queue du lion." J'ai alors compris à cet instant sa soif d'orgueil et le vernis que lui procurait le fait d'être un chef ici, après avoir été un simple employé en Espagne. Heureusement il était un bon chef.

Donc après avoir parlé des personnes dont le côté positif ne cède pas, j'en viens aux personnes qui ne croient plus en l'humanité, en l'amour, en la chance, en la vie. Pour eux tous est noir, elles ne perçoivent chez les autres que les faces qu'elles qualifient de mauvaises. Ces personnes n'ont plus confiance, au contraire, la méfiance les habite. Elles avancent dans la vie à tâtons, en prenant des précautions inimaginables pour se protéger d'une éventuelle frustration ou déception. Le pessimisme les bloque, la rancune leur ôte le sourire, l'amertume les terni. Selon elles la vie ne leur offre rien de bon. I

J'ai fait ma petite enquête sur le sujet, j'ai interrogé des personnes différentes dans leur façon de voir la vie.
Je peux dire que ce que j'ai découvert, c'est que je qualifierais "d'inné" le comportement d'adulte.
En écoutant l'enfance des uns et des autres, je me suis rendu compte que déjà petits, leur chemin était tracé dans leur construction mentale.
Il y a ceux qui souffraient dans l'enfance et qui faisaient tout pour se faire aimer, pour obtenir ce qui leur faisait défaut. Il y a les autres, qui ont souffert aussi, mais qui ont choisi de rejeter les "acteurs" auteurs de leur mal être.
La réaction de l'enfant qu'ils étaient a tracé leur parcours de vie. Tout au long de celle-ci, ils continuent à agir de la même façon. On a comme résultat, les gens généreux et ouverts et ceux qui sont fermés et avares d'eux-mêmes.

Les premiers savent ce qui signifie le sacrifice pour obtenir quelque chose, les autres refusent les efforts, par méfiance, par peur d'un non résultat. Ces derniers se protègent mais se privent aussi (sans le savoir) de petites et grandes joies.

Je ne mets pas ces personnes à l'écart, parce que je ne peux croire qu'il y ait les bonnes personnes et les mauvaises. J'étais surprise en lisant le blog d'une amie, du nombre de messages chaleureux qu'elle a reçu alors qu'elle annonçait un souci dans sa famille.
J'étais heureuse pour elle, mais j'étais aussi heureuse de voir que bon nombre de personnes se préoccupent encore de se montrer solidaires et attentives. Je suis certaine que parmi celles-ci, il y en a certaine qui dans la relation non virtuelle, sont de la catégorie des "distants" et des "indifférents" alors que dans une relation virtuelle elles peuvent se lâcher. Le risque est moins grand. En cas de déception on coupe le cordon et les conséquences sont moins dures à vivre.
Je souhaiterais avoir la possibilité de montrer à ces personnes combien il est plus bénéfique de vivre sans une armure. Un simple sourire offert apporte un sourire en retour, alors pourquoi se priver de tant de petits bonheurs simples. Les armures ne protègent pas, elles nous coupent du monde.
Je remercie la nature de m'avoir donné la chance d'être optimiste. Parfois j'ai touché le fond, parfois j'ai souhaité mourir tant j'avais du chagrin, mais j'ai toujours vu au fond de moi une petite lumière qui guidait mes pas, et une petite voix qui me disait : "ça ira mieux, avance."

Je raconte tous ça aujourd'hui parce que j'ai correspondu avec quelqu'un qui souhaite aider une personne de tendance défaitiste, et se désole de ne pas y arriver. Mais aussi parce que en prenant mon avion ce matin je pensais fort à mon chéri, je pensais à notre merveilleux projet et soudain je me suis dit à moi-même que je n'aimerai pas que l'avion tombe aujourd'hui, ce serait trop bête. Je l'ai parfois souhaité, mais maintenant non. La lumière au fond moi ensoleille mon chemin, et ma petite voix me dit : "Tu vois, il fallait croire en la vie."

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

J'aime bien cette phrase: «Je pense que pour valoriser ce que l'on a, il faut avoir eut une dose de souffrance, savoir ce qu'est la douleur émotionnelle pour profiter des moments heureux.»

Je crois aussi que la souffrance n'est pas que négative. Et qu'on peut en tirer des enseignements de vie... pour moins souffrir ensuite.

vendredi, novembre 11, 2005 3:47:00 PM  
Blogger Océane said...

Pour ma part ce sont les mauvais moments qui m'ont permis de "grandir" c'est dans les mauvaises passes que j'ai le plus appris sur moi et sur la vie.
Mais ça va je crois que j'en sais assez ;-)

mercredi, novembre 16, 2005 6:28:00 PM  

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